Le chemin des dieux

Que feriez vous si votre meilleur ami vous appelait de l’autre bout du monde pour vous prévenir de la disparition inquiétante de la femme de vos rêves ? Achille lui n’a pas hésité une seconde et le voici embarqué dans une drôle d’histoire à travers un Japon en pleine crise.

Quatrième de couverture

«Il n’y a pas de bien, il n’y a pas de mal. Il n’y a que la beauté.» Quand il apprend la disparition d’Uzumé, la femme qu’il a voulu épouser douze ans plus tôt, Achille abandonne sa vie française pour se rendre à Tôkyô. Une fois arrivé, il va de surprise en surprise. Une catastrophe énergétique inexpliquée précipite le pays vers l’obscurité. Son meilleur ami s’est suicidé. Et Uzumé n’a jamais été kidnappée. À sa place, c’est une vieille femme dont on pleure la disparition : la doyenne de l’humanité… Qu’arrive-t-il au Japon ? Pourquoi l’ami d’Achille est-il mort ? Et qui est vraiment Uzumé ? En voulant répondre à ces questions, Achille va pénétrer dans un monde où se mêlent l’éternel et l’éphémère, la tradition et la modernité, un monde que les dieux intemporels n’ont jamais abandonné. Un Tôkyô inconnu, aussi beau que dangereux.

L’auteur ?

Passionné par le Japon et sa culture, directeur de production d’un studio de jeux vidéo, Jean-Philippe Depotte a laissé la France en 2005 pour habiter Tôkyô avec sa famille pendant quatre années. Là, il a appris le japonais, parcouru le pays et rencontré les gens. C’est là-bas, aussi, qu’il a décidé de devenir romancier. Le Chemin des dieux est son quatrième roman.

Avis ?

Mais qui est Uzumé ? Quel est donc cet incident inconnu qui plonge le Japon dans l’obscurité ? Au début, un bon tiers du roman, on semble se retrouver, dans un japon contemporain, au cœur d’une sorte d’enquête des plus classiques afin de dénouer une disparition, un suicide suspect et des évènements en apparence anodin comme l’enlèvement de la doyenne de l’humanité. Achille mène son enquète dans un Japon en pleine crise énergétique. L’électricité est de plus en plus rationné. Les étrangers quittent le Japon comme des rats quitteraient le navire. Mais que se passe t-il donc au Japon ? Quel est la cause de cette soudaine crise énergétique qui pousse le peuple japonais à se replier sur lui même ? Et puis tout bascule ! On comprend enfin qu’est ce qui se cache derrière tout ces évènements sans savoir encore pourquoi. On est projeté dans un monde flottant peuplé d’individus étranges aux allures de yakuzas ou de courtisanes du monde des saules. On découvre au fur et à mesure une galerie de personnages riche en couleur. Des personnages pour la plupart inspirés du folklore mythologique japonais. Achille le personnage principal n’a rien d’un héros mais son amour profond pour Uzume et le Japon le rendent attachant. Il est entouré petit à petit par une foule de personnages hauts en couleurs :
  • un français tatamisant
  • une taxidermiste surdouée
  • un otaku fan d’idole (aï do lou en japonais) et de street fighter
  • des maikos
  • un travesti
  • un vieux riche excentrique sur sa chaise roulante médicalisée
  • et plein d’autres personnages avec chacun leur charme ou leur monstruosité.
Une grandes partie des personnages forment deux équipes qui s’affrontent autour de la belle Uzume, figure de proue d’un Japon éternel. Au niveau de l’écriture, Jean Philipe Depotte n’en est pas à son coup d’essai. Il maîtrise parfaitement les figures de styles et la rhétorique ce qui rend la lecture fluide et passionnante. Sa connaissance du folklore japonais et sa façon de le mettre en scène est digne d’un vrai romancier japonais. Un style qui n’est pas sans me rappeler celui d’Edogawa Ranpo (roman policier) ou de Stephen King (thriller). Le scénario est bien maîtrisé. L’auteur sait semer les indices au fur et à mesure pour au final mieux nous surprendre. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman qui m’a fait découvrir un Japon comme j’ai tendance à l’imaginer. C’est à dire un mélange de folklore et de modernité. Le Japon idéalisé des étrangers est souvent plus beau que le Japon que vivent les japonais. Mais au final, «Il n’y a pas de bien, il n’y a pas de mal. Il n’y a que la beauté.» J’ai été charmé par ce roman au point d’être scotché jusqu’à la dernière ligne de texte. L’édition broché en 21 x 14 de 480 pages est simple sans fioriture. La couverture reprend des codes du Japon comme le soleil ou le torii et la noirceur du livre rappelle l’obscurité qui s’abat sur le Japon. Le résumé de quatrième de couverture ne laisse pas présager un tel issu au roman mais a le mérite de ne pas trop en dire pour ne pas gâcher l’effet de surprise aux lecteurs. Conclusion : Un véritable découverte coup de cœur. Le scénario me plaît beaucoup et j’ai été littéralement scotché par ce roman. On dirait du Stephen king à la sauce Yôkai. On comprend mieux à la lecture de ce roman pourquoi le japon est un pays de superstition plus que de religion et aussi pourquoi un gaijin (étranger) même le plus japonisant restera, toute sa vie, un gaijin.

Rédigé par : Christophe Bejach