Top 10 des haïkus de Chiyo Fukumasuya

Voici une liste de 10 haïkus de Chiyo Fukumasuya, autre que son fameux haiku du puits et du liseron, que j’apprécie énormément

もれ出る山又山やはつ霧

Morederu yama mata yama ya hatsu kiri
Voilée, dévoilée montagne après montagne première brume de l’année
Quand je l’entend, je visualise ces paysages montagneux tels qu’ils sont représente dans les sumi-e

結ふと解ふと風のやなぎかな

musubu futo tokufuto kaze no yanagi kana
Emmêlé démêlé par le vent ah ! le saule pleureur
Une image qui rafraîchit et qui donne envie de sortir un bon livre et une couverture pour s’installer sous le saule.

声たてぬ時かわかれぞ猫の恋

koe tatenu toki ka wakarezo neko no koi
Plus un bruit le moment de la séparation ? les chats en chaleur
Tout est dit à travers le silence qui suit les ébats des chats comme des humains.

踞ばふて雲を伺ふ蛙かな

uzukubatte kumo o ukagau kaeru kana
Accroupie elle observe les nuages la grenouille
Une jolie image que cette minuscule grenouille semblant observer les nuages immenses qui passent au dessus d’elle.

涼しさや裾からも吹薮たたみ

suzushisa ya susokara mo fuki yabutatami
Fraîcheur ! le bas de ma robe soulevé par le vent dans le bosquet de bambous
Chiyo Fukumasuya est une femme qui fut, maintes fois, courtisée dans sa jeunesse. Voilà bref instant figée dans le temps quasi érotique. Quel homme n’aimerait pas être un vent d’été et épouser les formes des jeunes femmes tout en soulevant les tissus dont elles se drapent.

滝の音も細るや峰に蝉の声

taki no oto mo hosoru ya mine ni semi no koe
Même le bruit de la cascade s’est affaibli le chant des cigales
Tellement assourdissante les cigales que la cascade semble plus silencieuse.

月の夜や 石に出て鳴きりぎりす

tsuki no yo ya ishi ni detenaki kirigirisu
Nuit de lune perché sur une pierre stridule un criquet
Jolie image du criquet seul face à la lune.

はつ雪やもの書けば消え書けば消え

hatsuyuki ya monokakeba kie kakeba kie
Première neige ce que j’écris s’efface ce que j’écris s’efface
C’est un peu comme la vie ou chaque jour est une page blanche.

雪の夜やひとり釣瓶の落る音

yuki no yo ya hitori tsurube no otoru oto
Nuit de neige seul le son du seau descendant dans le puits.
La neige qui étouffe les sons, c’est toujours impressionnant.

ころぶ人を笑ふてころぶ雪見哉

korobuhito o waraute korobu yukimi kana
Ceux qui sont tombés rient de ceux qui tombent admirant le paysage sous la neige.
Les moqueurs deviennent les moqués. Tout le monde est à égalité sous la neige qui efface tous les aspects extérieur de richesse et couvre aussi bien les maisons modestes que les belles demeures.

Rédigé par : Christophe Bejach